Couleurs des arbres

Le texte ci-dessous correspond à la présentation des travaux faits par Anne Lüscher sur les couleurs des arbres, lors des conférences suivantes:

  • Congrès International de la Couleur à Budapest, juin 1993, sous l’égide de l’Association Internationale de la Couleur. (A.I.C.)
  • Colloque européen « Les saisons dans la ville » à la Cité des Sciences et de l’Industrie, Paris La Villette, novembre 1993.

En 1993, cette étude sur les couleurs des arbres avait alors suscité l'intérêt des spécialistes (scientifiques, architectes, paysagistes, pépiniéristes, géographes, météorologues, médecins épidémiologistes...) car :

  • Lorsque son étude a débuté en 1986, il existait très peu de données sur ce sujet (1). Et même encore aujourd'hui, les calendriers phénologiques des arbres et des végétaux qui existent n'offrent pas autant de détails. Les périodes étudiées sont en général de l'ordre du trimestre et plus rarement de l'ordre du mois. Alors que les travaux réalisés par Anne Lüscher ont été faits sur des périodes de 15 jours.
  • Il existe aujourd'hui des outils informatiques qui permettent de scanner très précisément la couleur des feuilles. Mais ces outils n'existaient pas encore à l'époque. D'où la phase manuelle de comparaison à l'aide de nuanciers, décrite dans cet exposé.

Indirectement, ces travaux ont eu une influence par la suite sur son oeuvre artistique. A ce titre, cette présentation apporte un éclairage intéressant.

Exemple de tableau réalisé en 1991 :

L'envol (54 x 65 cm), tempera à l'œuf sur toile

 

(1) : Une étude pionnière avait été faite entre 1981 et 1983 par Alain Guyot, architecte DPLG et professeur à l’école d’architecture de Marseille. Le rapport entre le végétal et l’architecture avait été examiné sous l’angle des ambiances microclimatiques avec un calendrier sur la foliation et la défoliation des arbres à feuilles caduques, avec relevés tous les 10 jours en gris et noir. Mais elle ne s'intéressait pas à la couleur, qui est l'objet principal de l'étude menée par Anne Lüscher.
On peut en voir un aperçu dans les 2 images suivantes (cliquer dessus pour les agrangir) :

       

 

CALENDRIER DE l'EVOLUTION CHROMATIQUE
DES ARBRES A FEUILLES CADUQUES
SUR LES 12 MOIS DE l'ANNEE

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Anne LÜSCHER

RESUME

Cette étude comble une lacune car elle permet aux professionnels de l’environnement naturel (pépiniéristes, paysagistes, écologistes…) de sélectionner, trier, comparer et étalonner les feuillages des arbres selon un calendrier d’une consultation rapide et d’une grande précision quant au prisme des couleurs.

L'objectif de cette recherche est de mieux connaître l’évolution chromatique des arbres à feuilles caduques au fil de l’année, non seulement pour le plaisir visuel, mais aussi pour une meilleure utilisation de leur gamme de couleurs et assurer leur sauvegarde.

ABSTRACT

This study meets a need as it allows environmental professionals such as nurserymen, landscape gardeners and ecologists to select, sort, compare and calibrate the foliage of trees using a calendar that can be consulted at a glance and gives very accurate results concerning the colour spectrum.

The aim of this research is to give us a better understanding of the changes in colour of deciduous trees throughout the year, not just for the visual pleasure they give us but also for a better use of their colour range and to ensure their preservation.

 

1. METHODOLOGIE

L’étude a commencé en 1986 dans les parcs et jardins de MARSEILLE, avec une extension dans le Gard. L’analyse se déroule en deux phases :

  • observation des arbres concernés tous les quinze jours.
  • synthèse visuelle des constats chromatiques.

 

2. INVENTAIRE DES DONNEES

Phase 1: observation

Cette étude, axée sur la couleur, prend en compte tous les éléments qui contribuent à la qualité chromatique du feuillage d’un arbre (fleurs, feuilles, fruits). Une extension est souhaitable par la suite pour l’étude des ramifications et des troncs.

  1. Prélèvement

    On prélève lors des observations des feuilles, des fleurs, des fruits de chaque arbre.

  2. Reproduction des couleurs

    Ces échantillons sont ensuite transposés au plus vite à l’acrylique et constituent un inventaire aussi fidèle que possible de la palette évolutive sur l’année des arbres. Le dessus et le dessous de la feuille sont étudiés.

       

       

  3. Prises de vue

    Les photographies ne peuvent être utilisées pour la reproduction fidèle des couleurs sur une palette. Mais ce sont des documents iconographiques indispensables pour assurer la mémorisation, la visualisation et la diffusion des informations.

           

  4. Croquis coloré de situation

    Le dessin est le moyen le plus efficace pour saisir rapidement un sujet, en faire la synthèse visuelle et recréer une ambiance. Le pastel est un instrument pratique pour dénombrer clairement les teintes.

Phase 2: la synthèse visuelle des constats chromatiques

Un échantillon traité en à-plat ne peut reproduire l’effet chromatique exact d’un feuillage dans la nature, pour plusieurs raisons :

  • Les ombres portées assombrissent la couleur réelle des feuilles.

  • Sur un arbre l’envers des feuilles est aussi perçu. En général il est plus clair que le dessus, parfois il est d’une tout autre couleur.

  • Sous l’effet des rayons du soleil la feuille par transparence s’éclaircit.
     
  • Avec l’éloignement le feuillage s’éclaircit aussi, à cause de la diaphanéité de l’air.

Il sera possible de donner l’esprit chromatique du feuillage en faisant une composition de taches colorées par pointillisme, en juxtaposant les couleurs du dessus et du dessous des feuilles, des fleurs, des fruits et en panachant les couleurs dominantes en automne. La “vibration” des couleurs est ainsi recréée.

       

 

3. CALENDRIER DE SYNTHESE

Une case par quinzaine de jours, donc 24 cases, avec un fond bleu ciel et des confettis de couleurs correspondant au feuillage, aux fleurs et aux fruits durant la foliation.

Cette maquette (constituée de planches de 50 x 70 cm) est une version simplifiée avec un choix limité de couleurs. Elle donne une idée de la représentation plus complète que permettrait un travail réalisé sur ordinateur.

  • Planche A :

    Acer platanoïde (érable plane), Aesculus hippocastanum (marronnier d'Inde), Albizzia julibrissin (acacia de Constantinople), Catalpa bignonioides (catalpa), Celtis australis (micocoulier), Cercis siliquastrum (arbre de Judée), Clerodendrum bungei (clérodendron de Chine), Cornus sanguinea (cornouiller sanguin), Corylus avellana (noisetier mâle).

  • Planche B :

    Diospyros (plaqueminier), Fagus sylvatica (hêtre), Ficus carica (figuier), Fraxinus excelsior (frêne commun), Gleditsia triacanthos (févier à trois épines), Juglans regia (noyer commun), Liriodendron tulipifera (tulipier de Virginie), Maclura pomifera (oranger des Osages), Malus (pommier), Morus alba (mûrier blanc).

  • Planche C :

    Ostrya carpinifolia (charme-houblon), Paulownia tomentosa (paulownia), Platanus occidentalis (platane d'occident), Populus alba (peuplier blanc), Prunus armeniaca (abricotier), Prunus cerasifera (prunier-cerise ou myrobolan), Prunus cerasus (griottier), Prunus amygdalus (amandier), Prunus persica (pêcher), Prunus serotina (cerisier noir).

  • Planche D :

    Prunus serrulata (cerisier à fleurs du Japon), Pyrus communis (poirier commun), Quercus robur (chêne pédonculé) Robinia pseudoacacia (robinier faux-acacia), Salix Babylonica (saule pleureur), Sophora japonica L. (sophora du Japon), Tilia tomentosa (tilleul argenté), Ulmus procera (orme champêtre), Wisteria sinensis (glycine), Ziziphus jujuba (jujubier).

 

4. INFORMATIQUE

Le procédé de relevé sur site des palettes de couleurs pose deux questions particulières: le choix des références d’une part et le stockage sans détérioration dans le temps.

Les techniques informatiques permettent aujourd’hui de résoudre ces points:

  • la palette de nuances offertes sur machine atteint 16 millions de couleurs, et peut être basée sur la référence PANTONE® en intégrant teinte, densité et luminosité ou les trois couleurs “Rouge-Vert-Bleu”;
  • les coordonnées numériques des nuances permettent de répertorier avec toute la précision nécessaire la gamme de relevés sur le terrain;
  • en ce qui concerne la mémoire des informations, les moyens d’acquisition des informations par scanner couleur, diapos et vidéo ainsi que le stockage numérique des couleurs permettent de se préserver contre le vieillissement à la lumière des pigments.

La restitution sur support papier, photos ou vidéo, présente encore quelques imperfections. Cependant on peut espérer à terme, avec l’évolution rapide des techniques dans ce domaine et le lien de plus en plus fort entre les différents supports médias (impression, photos, vidéo, informatique), pouvoir restituer fidèlement les informations saisies à l’origine.

 

5. UTILISATION

Cette recherche est exploitable dans :

  • le cadre d’activités professionnelles liées à la conception de l’environnement naturel (architecture, urbanisme, paysagisme...);
  • auprès de producteurs d’arbres qui peuvent utiliser ce travail tant pour des sélections basées sur la colorimétrie des feuillages que pour des argumentations promotionnelles;
  • au point de vue écologique, comme étalon auquel les générations à venir pourront se référer pour comparer s’il y a lieu l’évolution des couleurs des feuillages, ainsi que les variations de la foliation printanière et de la défoliation automnale dans le temps.

Cette approche est novatrice car elle s’élabore autour d’un champ totalement inexploré, en l’abordant d’une double façon :

  • premièrement, par le concours d’une acuité visuelle éprouvée;
  • et par une rigueur méthodologique facilitant l’exploitation de toutes les données recueillies au cours des observations.

Copyright (c) 2022 Anne Lüscher
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